Bilan trois semaines

                        Salut à tous,

            Cela fait exactement trois semaines (mardi 24janvier) que j’ai posé pied sur le sol nord irlandais et un petit bilan s’impose.
Desolee pour "mes contacts" qui ont deja tous recu ce bilan par mail, pas la peine de le lire vous n'apprendrez rien de nouveau. Et bon courage pour les autres car la lecture peut s'averer longue!

            Je vais commencer par vous parler de la gent féminine de ce pays car vraiment on (nous autres chers expatriés français qui sommes une bonne trentaine sur ce campus) ne s’habitue pas à la tenue vestimentaire des ces jeunes filles de versant catholique ou protestant et donc élevées dans la stricte religion (très ancrée ici parait-il).

            Comment vous rendre le paradoxe d’un pays -la Grande-Bretagne- qui prône les valeurs de l’église anglicane –simplicité, chasteté, anti-avortement…- et qui oblige ses citoyens scolaires à porter un uniforme pour le moins en décalage total avec ces valeurs protestante. Une jeune fille, quel âge qu’elle ait se voit contrainte de porter un petit gilet (bleu marine ou vert) duquel dépasse un chemisier d’une blancheur impeccable ; jusque là pas de problème. Vient ensuite le bas : une mini jupe -et quand je dis mini elle ne va jamais jusqu’au genou, voire même s’arrête bien avant- et des mi-bas de laine blanche qui ne montent pas non plus jusqu’au genou.
            Comment s’étonner alors que ces mêmes jeunes filles qui sont habituées à cette tenue depuis l’âge de 6ans s’habillent de la même façon lors de leurs sorties ?! Evidemment en plus osé, mais je vous assure que ce n’est pas tjs beau à voir. Et si je suis la première à militer pour le fait qu’il faille se sentir bien dans sa peau quelque soit son apparence physique, je trouve tout de même qu’il y a des limites à la décence et une certaine ligne à ne pas franchir pr ne pas tomber dans la vulgarité. Et elles la franchissent allègrement ces petites britanniques. On finit par ne plus se poser de questions sur le taux élevé de filles mères de moins de 18ans (apparemment très élevé, je vous préviens quand j’ai trouvé).

            Mais ne croyez pas que je n’en ai pas autant pr la gent masculine. Ceux-là vraiment c’est à vous hérisser les poils. Tout d’abord je ne conseille à personne d’aller chercher mari en Grande-Bretagne, le mythe (mon mythe perso) du British grand, mince, très distingué, aux manières raffinées et à l’accent so British n’existe plus. Il faut arrêter de chercher dans la nouvelle génération –celle des moins de 40ans j’entends- et se faire une raison : la France est le pays du romantisme et des beaux mecs. Car franchement j’ai fait un sondage –j’aime bien ça- auprès des françaises de la fac –un vrai troupeau ici- et aucune n’a encore vu un specimen masculin à peu près « potable ». J’entends déjà les critiques de certaines personnes alors je tiens à préciser quelque chose : la vue et le toucher sont deux sens différents, le 2^ème n’est pas forcément le suite logique du 1^er !!!
            Pour en rajouter sachez aussi qu’un britannique de moins de 18ans en boîte de nuit -et il y en a des tonnes- est encore pire à côtoyer. La bière n’est plus la boisson nationale mais la découverte du siècle –vodka ça vous dit quelque chose ?- les électrisent et ces jeunes gens ne semblent trouver du plaisir qu’en s’y plongeant totalement. Il en résulte une gêne incroyable pour nous pauvres françaises vêtues sobrement (ce qui signifie habillées) qui devons nous efforcer de ne pas croiser malencontreusement le regard du moindre crétin (si si, vraiment) pour peu qu’il prenne ça pour une invitation. Et ne venez pas me dire que c’est pareil en France, je vous assure que non : au moins en France ils restent au bar et vous dansez tranquilles !
            Bref, vous ne risquez pas de recevoir un faire part de mariage typiquement irlandais, désolée pour ceux que je déçois ! (et je crois que c'est pareil pour sophie et Marion)

            En relisant ces ‘quelques’ lignes je m’aperçois que je ne donne pas une image très flatteuse de la population autochtone. Je tiens donc à rétablir certaine vérité : l’accueil des irlandais. Partout où nous allons nous sommes accueillis à bras ouverts, les gens sont à l’écoute et font des efforts pour parler plus lentement –notre accent français est détecté dès l’instant où nous ouvrons la bouche, ils doivent avoir l’habitude-. Vraiment l’hospitalité et l’accueil irlandais ne sont pas à remettre en question.
   Même postulat côté corps enseignant. L’université d’Ulster (Irlande du Nord) comporte 5campus et celui de Coleraine (oui le mien) est celui qui accueille le plus d’étudiants internationaux, les professeurs sont donc habitués et savent que leur accent n’est pas tjs aisé à comprendre. Ils sont donc fortement à l’écoute et tjs prêts à répondre aux questions. Leur bureau est tjs ouvert et leur boîte mail accessible sans problème. Rien à voir avec les facs françaises comme je les connais. Mais je ne vais pas taper sur mes chers professeurs hexagonaux, je pourrais encore avoir besoin d’eux !

            Maintenant que j’en ai fini avec le côté humain passons à l’aspect le plus important de ce séjour : découvrir, visiter, bouger –mais oui on trouve du temps pour travailler-. Tout ici est vert, mais pas vert fané comme peut l’être l’herbe de votre jardin vers le mois de mai. Non, ici tout est d’un vert émeraude. L’Irlande est d’ailleurs appelée « l’île d’émeraude ». Les mauvaises langues diront que c’est grâce au climat pas terrible et bien je vais leur faire ravaler leurs paroles : la pluie est peut-être plus abondante ici que par chez vous pauvres français, mais il se trouve que depuis trois semaines que je suis ici je n’ai bénéficié que de 2jours de pluie !

            Ce qui nous a d’ailleurs permis d’aller nous promener. Nous avons visité Portrush, petit village en bord de mer qui se transforme en station balnéaire pour touristes dès le mois de mai. Je suis bien aise de l’avoir visité en février, je n’aurai pas à supporter les parisiens d’ici (les belfastois ?). Bref, c’est un petit coin charmant dont la population hivernale se trouve composée en grande majorité d’étudiants, sympa comme plan. Côté attrait touristique cette ville offre de très bonnes bières-fanta (chacun ses goûts) et un bowling très coloré façon « vie sous la mer ».
            Mais nous avons aussi fait une visite culturelle puisque nous sommes allées à Derry –Londonderry pour les royalistes- qui se trouve être la ville du tristement célèbre –merci So- « Bloody Sunday ». C’est en effet à Derry qu’eurent lieu les plus célèbres luttes pr l’indépendance de l’île. Et la ville tient à son passé car les murs des maisons du quartier de Bogside –où eut lieu le bloody Sunday de 1972- sont « agrémentés » de fresques murales relatant les faits. Ces peintures peuvent d’ailleurs heurter quelque peu car elles illustrent entre autres un jeune garçon portant un masque à gaz, ou une jeune fille dont on imagine qu’elle exhorte à la violence pendant que ses amis ramassent leurs « armes ». Assez frappant et violent.

            D’accord ça ne fait pas bcp de visites pr le moment mais cela ne fait que 3semaines et il faut bien que nous fassions aussi : nos courses (le lundi, vive les habitudes), nos lessives, nos heures de cours, nos essays (hallucinant la masse de boulot demandée, encore une différence avec le système de facs françaises) et bien entendu notre blog.

   Voilà pour ce bilan de début de parcours. Désolée pour ceux que la longueur a importunée, il ne fallait pas tout lire et puis je ne sais pas faire court alors tant pis.

A+ pour de nouvelles aventures !
Ann l’Irlandaise